mardi, février 27, 2007

Festival sur le Niger

Début février, nous voilà parti en direction de Ségou en moto pour aller au festival sur le Niger avec Timbine et Modibo. Jusqu’à Bla, tout va bien, pose coca cola. On tient notre vitesse de croisière tranquillou. C’est après que ça se gâte. Les maliens ont eu la bonne idée de mettre des ralentisseurs dans tous les villages ce qui permet de limiter le nombre de chèvres et d’enfants renversés. Par contre, c’est bien ce qui a crevé la moto. En fait un rayon de la roue s’est cassé et a percé la chambre à air. Grâce aux semelles des chaussures de Modibo, on ne s’est pas ramassé, mais c’était moins une. Heureusement dans le village, il y a des forgerons qui peuvent réparer la chose. Premier collage de la chambre à air, remontage de du pneu…pffff. Deuxième collage du pneu, remontage…pffff. Bon, alors là on se dit qu’il vaut peut-être mieux changer la chambre à air carrément. Timbine part donc dans le village voisin à quelques kilomètres pour acheter une nouvelle chambre à air. Montage. Le gonflage n’était même pas fini que la chambre à air se fend en deux… encore une chinoise tient. Ils sont assez pervers les chinois. Le nom de la marque de qualité est Kenda, le nom de la marque de cette chambre à air était Renda, ils nous ont eu ! Ils usent de l’analphabétisme des maliens pour leur vendre de la pacotille, c’est joli ça ! Déjà l’Europe prend l’Afrique pour une déchetterie en y envoyant du matériel de toute sorte qui ne fonctionne qu’à moitié en se disant que les noirs seront bien contents d’avoir de beaux écrans d’ordinateurs des années 80 ou des belles R9 qui crachent noir. L’autre partenaire économique de l’Afrique, c’est bien la Chine qui a une place de plus en plus grande dans tous les marchés des pays africains. Elle bien en train de berner les africains aussi en leur vendant toutes ces choses qui brillent mais qui durent peu.
Bref, finalement, après deux ou trois autres collages, nous repartons vers Ségou, on a bien passé quatre heures dans ce village.
Arrivé au pont qui traverse le Bani, on remet ça. La chambre à air éclate, là c’est la fin. Du coup, on a laissé la moto chez le fils du chef de village pour revenir la réparer le lendemain. J’ai continué avec Timbine sur sa moto (une japonaise) et Modibo a pris un bus. On a fini par arriver à Ségou chez un autre Modibo, un ami de Timbine, qui nous accueillait chez lui pour la nuit. Il commençait à faire faim, même le to de mil est passé…
On s’est donc rendu le soir au festival. Le hic, c’est un peu le prix de l’entrée pour les non maliens, les toubabous quoi, 32500 CFA (45 €), 10 fois plus cher que la place pour les maliens, aïe ! Je trouve le prix un peu exagéré quand même, faut pas déconner quoi, tout de suite, t’es un blanc, t’es pété de tune, merde ! J’ai bien regretté d’avoir payé ce prix là car j’aurais facilement pu fraudé pour avoir une place au tarif malien… enfin bon.
Comme on est arrivé un peu en retard, on a loupé Tinariwen (musique Touareg). C’est donc Doussou Bagayoko qu’on a vu en premier, une chanteuse du Wassoulou. Quand elle commence à chanter sa chanson connue, c’est l’euphorie du public, c’est très bon. Le chanteur suivant est le griot de Koutiala, Abdoulaye Diabate. Il chante seulement en quelques 7 ou 8 dialectes. Je l’avais déjà vu quelques fois à la Poule verte, le maquis communal de Koutiala. On en profite donc pour aller boire une petite bière. Comme tout bon musulman qui se respecte, Modibo et Timbine m’accompagne…Le dernier concert était celui d’Oumou Sangaré, LA chanteuse du Wassoulou. Au cours d’une de ses chansons, elle entame l’hymne malien, et là tout le public commence à chanter… O Mali d’aujourd’hui, O Mali de demain… et puis ça repart sur un rythme dianza au djembé jusqu’à l’explosion finale ! Vraiment c’était bon. Tiens aussi, on a vu Amadou et Mariam (cf photos) qui passaient dans le coin.
A la fin de la soirée, on croise une voiture du nom de « Oumou Sang’ », encore une invention des chinois !

samedi, février 17, 2007

A Amadou et Mariam...

Regarde un peu pour voir...

Tiens beh là, je te mets des tô-fos!

Calebasses



Festival sur le Niger, Oumou Sangaré



Amadou and Mariam



Filage du coton en brousse




Coton au silo
















vendredi, février 02, 2007

30/01/2007

J’aurais pu tenir ce blog comme un journal de bord, écrire ce que je faisais tous les jours. Seulement, la flemme me prenait souvent le soir d’écrire tout ce que j’avais fait et la connexion a internet n’était pas très régulière au début de mon séjour.
Alors aujourd’hui, alors que je roulais la chinoise à travers la brousse, je me suis dit pourquoi pas ? Le 30 janvier 2007, dérouler dans un ordre chronologique ce que je fais dans la journée dans un style narrato-littéro-descriptif … Allons-y !

La sonnerie de mon portable sonne à 6 h 30, la fraîcheur se fait un peu sentir et me pousse à me lever. Aminata, la bonne, est déjà levée depuis presque une heure et s’affaire à nettoyer le salon, c’est le « rituel » du matin. Je la croise dans la cour pour aller me laver et échange un « ani soroma ». Oui, enfin il caille encore trop le matin à cette heure-ci pour se laver de la tête au pied, je me contente du visage. Au petit déjeuner, j’ai testé la confiture de papaye que j’ai acheté la veille à une association de femmes de Koutiala, pas mauvais ma foi même si le pain de la veille est un peu dur. Adama sort la chinoise de sa case, une fois prêt à partir, j’enfourche la chose. Un peu de starter, et un coup de kick suffisent à démarrer la moto. Aminata dit « la vieille » (attention : cette Aminata est différente de la bonne, c’est la fille à Daouda, cf premiers articles) monte derrière et nous voilà parti en direction du centre ville. Après avoir déposé Aminata devant l’école, je prends la direction du 1er quartier de Koutiala pour aller chercher Modibo. Lorsque j’arrive, il tient sa fille de deux ans dans les bras qui appelle toujours « papa » quand Modibo part. Nous partons en direction de Sougoumba aujourd’hui. La traversée de Koutiala est toujours aussi agréable le matin avec les gaz d’échappement de camions qui t’arrivent en pleine face et l’odeur nauséabond du marigot, t’es obligé de plisser les yeux au point que tu ne vois presque plus rien. Une cinquantaine de kilomètres sur le goudron, 70 km/h de moyenne avec la chinoise, et nous prenons la piste qui mène au hameau de Mustafa Berthe. Il commence déjà à faire un peu chaud mais c’est agréable. A l’arrivée dans le hameau, le vieux nous reçoit, nous échangeons les salutations habituelles, moitié en minianka, moitié en bambara. Une femme nous apporte de la bouillie, un mélange de farine de mil en boulettes avec de l’eau et du sucre. C’est pas mauvais même si c’est vrai qu’en faire le petit déjeuner de tous les matins ne doit pas être facile quand on est habitué au pain-beurre-confiture…Les femmes nous saluent, toujours en se baissant devant les hommes. Beh oui, au moins celles-là elles savent se tenir devant les mâles ! Une bicyclette arrive de la piste, un homme âgé vient annoncer au vieux que un de ses neveux qui est à l’école à Koutiala est décédé. L’enterrement de l’enfant à lieu à Koutiala, ensuite des sacrifices auront lieu au village. Avec Modibo, nous décidons alors de ne pas travailler avec les exploitants aujourd’hui. Nous voulons tout de même passer dans le village (comprenez le « bourg » de chez nous) pour voir le reste de la famille et faire des condoléances. Arrivés au village, nous rencontrons le chef des cultures de l’exploitation, Muktar, qui se dit prêt à travailler avec nous car les sacrifices n’auront lieu que dans l’après-midi. On se pose donc sous un hangar pour l’entretien. Aujourd’hui, on a quelques questions sur les prestations du tracteur, les ventes de céréales et des questions plus qualitatives sur leur perception de la motorisation (les avantages, les inconvénients de la machine selon leur expérience…). Evidemment, un bon entretien ne peut se dérouler sans sa triple dose de thé…chinois (mais à la malienne). Muktar apporte aussi des bananes et de l’arachide. Mis à part le ronronnement du moulin, l’atmosphère est paisible et reposante. Des hommes discutent sous un autre hangar pendant que des femmes pilent le mil ou vanne les céréales, des enfants passent en poussant un pneu de vélo avec un bâton pour le faire rouler… Mustafa, un des membres de l’exploitation arrive sur sa Yamaha 100 (une japonaise celle-ci), c’est un des seuls paysans que l’on enquête qui parle français. On échange donc sur les thèmes évoqués plus haut, sur le fonctionnement de la coopérative des motorisés et aussi sur l’agriculture malienne, l’Afrique… A certains moments, la conversation se fait de français en bambara en minianka. On ne repartira pas sans avoir bu notre coca-cola, c’est un peu la tradition à Sougoumba quand ce n’est pas du dolo ou de la castel. On reprend donc la route en direction de Koutiala vers 13h. Cette fois-ci, le soleil tape, même sur la moto on sent le vent chaud. La chinoise commence à avoir des kilomètres, il faut que je l’emmène chez le mécano pour faire la vidange et compagnie… Modibo me dépose donc à la maison et amène la moto chez le mécanicien. Au menu ce midi, riz-sauce arachide (ou mafé), bananes. A la fin du repas, je prends mon petit jus de tamarin-gingembre bien frais qui sort du frigo, mmh ! C’est vrai, je ne me suis toujours pas lavé aujourd’hui. Comme je n’ai pas le droit de prendre l’eau dans le puits (toujours un peu gênant), c’est la vieille qui s’en charge. Je sens un peu moins le chacal à présent. Une demi-heure à peine de travail et Modibo arrive pour qu’on aille chercher la moto. Avant ça, nous passons à la chambre d’agriculture pour récupérer un document pour des paysans qui veulent monter une coop de commercialisation de céréales. Quand on arrive chez le mécano (ou les mécanos car ils sont nombreux à s’occuper de toutes une batterie de deux-roues), la moto est partie se faire laver (elle aussi). Le démarreur ne fonctionne toujours pas, les mécanos partent donc en acheter un autre qui ne fonctionne pas non plus. Ils en prennent alors un sur une autre chinoise neuve, problème aussi. Ils finissent par aller en acheter encore un autre je ne sais où et celui-ci marche. La moto est remontée. Essayade. Néant. La batterie n’est même plus connectée. Le fil s’était débranché. Encore une demi-heure pour réparer la chose et enfin la moto est prête. Elle sait se faire attendre cette chinoise, j’y ai passé presque 3 h. Finalement, je m’en tire pour 4000 CFA (6 €) pour l’ensemble.
Au retour dans la famille, Saly a finit de se faire tresser la tête, elle prépare le repas du soir assise sur son tabouret face à la marmite. Les filles sont revenues de l’école et les enfants du voisinage s’amusent dans la cour. La lumière du soir est douce, je crois que celle que je préfère. Au menu du soir, c’est haricots verts, sauce tomate, viande...bananes. C’est la première fois que je mange des haricots verts ici. On commence à en trouver des frais sur le marché. Je n’ai pas encore vu Saly ou la vieille ouvrir une boîte de conserve mise à part le concentré de tomates. Avant le repas, c’est le rendez-vous quotidien avec la série brésilienne « Barbarita ou les fleurs de l’amour ». Déconnez pas, je suis la chose. Surtout aujourd’hui, Monica a annoncé à Gaetano, son ex-mari portugais, que Isabelle Velez est sa fille et qu’elle s’appelle en réalité Barbarita. Miguel, lui s’est fait largué par cette même Isabelle Velez qui s’est marié avec Rodolpho le frère de Miguel mais elle ne l’aime pas, pendant ce temps le troisième frère est l’hôpital en attente d’une greffe de rein suite à une bagarre avec Climaco le frère de Barbarita… Un bon scénario quoi ! Tembely arrive comme d’habitude vers 20h pour suivre le journal à la télé en mangeant. Qu’a fait le président ATT aujourd’hui ? Oh dis-donc, il inaugure une piste rurale, il participe à une réunion avec la représentante de l’Union Européenne au Mali, il… Avec Tembely, on s’est connecté sur le net quelques instants pour qu’il envoie un mail… Je regarde un peu la télé, mais l’émission est en bambara…Finalement, je finis par allumer cet ordinateur pour concrétiser l’idée de la moto du matin et me faire bouffer les jambes par les moustiques…

Si tu as lu cette article jusqu’au bout, c’est gentil de part. Envoie cet article à 10 personnes et un enfant malien ne mourra pas du paludisme demain. Des gens ont calculé qui si 100000 personnes participent alors toute l’Afrique sera sauvé même.
Humour bordel !